Myanmar, de Yangon à Nyaung Shwe

Nous voici arrivés à Yangon (anciennement Ranguon) au Myanmar (anciennement Birmanie). Nous nous attendions à une capitale typiquement asiatique où règne un chaos de deux roues, de câbles électriques et de klaxons, mais Yangon reste beaucoup plus calme et tranquille que ces voisines limitrophes. En effet, les deux roues y sont interdits et les Birmans (Myanmarais) sont très calmes.

Il y a quelques points à savoir sur le Myanmar… Déjà le nom n’est pas reconnu par tous les états, notamment les USA et la France ne le reconnaissent pas, et le nomment Birmanie. En 1974, sur les conseils d’astrologues, la junte militaire a décidé du jour au lendemain de changer le sens de conduite sur la route ! Cela leur porterait chance ! Du coup, il roule à droite avec le volant à… droite ! Il n’est pas rare de voir un petit rétroviseur pour le passager arrière gauche d’un taxi pour l’aider à dépasser 🙂

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Solution : Rétroviseur pour passager arrière gauche d’un taxi !

Normalement, depuis cette année les nouvelles voitures devront avoir le volant à gauche. Chaque Birman a le droit à seulement 8 litres d’essence par jour… Chacun à son petit carnet d’autocollants pour prouver qu’il ne dépasse pas le quotas ou il doit se ravitailler (au noir) au bord de la route avec des bouteilles en PET d’essence… Bonjour la sécurité ! Si vous ramenez des dollars, vérifiez bien que ces derniers soient parfaits sinon ils ne seront acceptés nul part car la junte ne les accepte pas. Qu’ils aient la ligne du plis central, un rebord plié sur 1mm, ou même une mini tache : votre billet ne vaut plus rien ! Dans les année 80′ le régime a décidé, toujours sur conseil de leurs astrologues, de battre la monnaie avec des billets de banque de 45, 75 ou même 90 kyats pour que cela leur portent chance… Heureusement, cela n’a duré que quelques années avant que le régime accepte de revenir en arrière ! Mais vous pouvez encore les trouver en vente sur les étales de marchés.

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Billets à multiple de 5… Horrible pour rendre la monnaie !

Tout le monde croit à tort que la capitale du pays est Yangon… Mais non la junte a créé de toute pièce une capitale le 6 novembre 2005 à 10:37 du matin (date et heure choisie par les astrologues) qui se nomme Naypidaw ! La capitale a couté des milliards et des millards à construire pour qu’elle reste une ville fantôme où seuls quelques fonctionnaires y vivent par obligation. Selon la junte, un million d’habitants y vivrait sur une surface de six fois celle de New York !

Mis à part ce régime et quelques moines extrémistes, nous avons été touché par une population adorable, gentille, pieuse, bienveillante, curieuse de découvrir le monde et surtout tellement souriante ! Heureusement, l’arrivée du tourisme se fait de manière progressive, ce qui a permis à ce pays de garder, pour le moment, toute son authenticité et son identité. Nous avons été surpris qu’une énorme majorité des Birmans portent une jupe, le longyi, l’habit traditionnel du pays (comme si nous portions un Bredzon…). Pour nous, la Birmanie reste un des rares endroits de notre monde où chaque endroit, chaque pli de vagues n’est pas encore connu, écrit, analysé et cartographié.

Yangon

A peine entamé notre première journée au Myanmar que l’on rencontre un super couple suisse, Ivoire et Jean-Nath, avec qui nous décidons de passer la journée ensemble… Nous nous sommes tellement bien entendu que la journée a duré presque trois semaines ! On vous souhaite le meilleur pour la suite de vos cinq mois et demi sur la route, et on vous dit à dans un an en Suisse !

La journée à Yangon a commencé par nous bercer avec un petit train bondé qui tangue au rythme de la vétusté des rails et exécutant, tel un modèle réduit, un cercle autour du vieux centre ville de la capitale. Etant les seuls touristes du train, nous étions la curiosité, mais la bienveillance et la gentillesse des Birmans ont fait qu’on a demandé quatre fois à Delphine et à Ivoire si elles voulaient s’asseoir ! Un quart de tour du cercle nous amène en 45 minutes à l’entrée du downtown.

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On a vu beaucoup de Birmans chiquer du « bétel », mélange de tabac, de noix d’arec, de chaux et d’épices. C’est un stimulant et un anti-douleur qui n’est pas très esthétique, il rend les lèvres et les dents rouges, et ils en sont totalement accro !

Après le downtown nous sommes partis nous promener aux alentours du lac Kandawgyi, un lac artificiel qui a été créé par les Britanniques comme réservoir d’eau. Nous avons presque fait le tour du lac en longeant un vieux pont en bois qui menaçait de tomber à chaque pas…

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Pour clôturer notre journée de Yangon, nous avons été contempler la pagode Shwedagon au couché du soleil ! Le stupa central haut de 98 mètres est orné de feuilles d’or et entouré de 64 petits pagodons, en or eux aussi. Le site comprendrait 32 tonnes d’or ! Une sorte d’ombrelle à la pointe de la pagode est accroché 1065 clochettes d’or et 420 clochettes d’argent, ainsi qu’une girouette ornée de pierres précieuses. Elle se termine par une sphère d’or incrustée de milliers de diamants dont une émeraude de 76 carats ! Il y a de l’argent pour les pagodes au Myanmar ! Nous avons donc pris le temps de faire le tour à pieds nus aux milieux des fidèles et Monks venant prier et méditer sur les différentes parties du site. A pieds nus, oui, car même le port des chaussettes est interdit dans les lieux de cultes/importants. Nous étions complétement enivrés de cette ambiance zen et de la beauté de ce lieu sacré à tel point que nous ne voulions plus partir. On s’y sentait si bien au coeur du monde sacré des Birmans.

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Kalaw et trek jusqu’au lac Inle

Pour rejoindre Kalaw depuis la capitale, le trajet se fait en bus de nuit (départ 18h), pour théoriquement gagner du temps de visite et une nuit… Mais en Birmanie les bus c’est toujours une aventure en soi…

Nous sommes arrivés tous les 4 à l’énorme station de bus de Yangon nos billets en poche (bookés et payés à notre guest-house) et avons trouvé notre agence. Au comptoir, la personne qui s’occupait de valider nos billets nous annonce que notre bus pour Kalaw est annulé et qu’on aura un bus de remplacement dit « normal » c’est-à-dire entre les poules, le stock de matériel, enfin… tout ce qui peut être transporté dans un bus. C’est à ce moment-là que nous avions rencontré Laura et Maxime, un couple de Français au top ! Pour eux, leur bus pour Inle (un arrêt après Kalaw) était toujours prévu… De fil en aiguille le leur ne l’était plus non plus… Après une vingtaine de minutes de pour parler, la réceptionniste nous donne pour finir des billets pour une autre compagnie avec un bus convenable. Ouf ! Bon, on a quand même passé une superbe soirée et nuit ! Merci les copains ! Avant l’arrivée à Kalaw, on échange nos numéros et nous nous donnons rdv à Nyaung Shwe, la ville d’arrivée de notre trek.

Théoriquement, et selon l’agence du bus, nous étions sensés arriver à 7h du matin (parfait pas besoin de prendre une nuit à l’hôtel). On nous avait prévenu que l’on risquait d’arriver à 6h… Mais pas à 3h du matin dans un village qui nous était inconnu ! Cela avait déjà été constatés par d’autres backpackers mais personnellement nous vous le confirmons : en Birmanie la tradition des bus de nuit est d’arriver… au milieu de la nuit ! Une fois descendus du bus et enfourchés nos backpacks, un vieux Birman nous propose des T-Shirts (faudra qu’il revoit son business-model lui…) ou une nuit. Nuit à l’hôtel miteux d’en face pour 90$ les quelques heures jusqu’au check-out… Forcément au vu de la situation les prix grimpent ! Nous sommes donc partis trouver un autre établissement avec encore deux chambres de libre pour les quelques heures restantes. Le second hôtel qui nous accepte nous propose environ 50$ pour rester jusqu’au check-out de 10h du matin… Apres de vaines négociations, le réceptionniste nous propose ses propres couvertures pour dormir sur un patio extérieur en attendant une heure convenable. Nous acceptons son offre et prenons ça comme une expérience nouvelle… Ce fut notre première nuit en tant que clochard dans notre tour du monde. 🙂

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Clochard oui, mais de luxe !

Après cette nuit pleine de rebondissements nous sommes partis trouver un hôtel un peu mieux et un guide pour notre trek du lendemain.

Le trek de trois jours qui s’en suivit fait partie de l’un de nos meilleurs moments passés depuis le début de notre voyage au long court. Notre guide, une jeune Birmane de 24 ans qui a grandi dans l’un de ces petits villages reculés de la Birmanie profonde, nous a fait découvrir ces ethnies (qui ne parlent qu’en dialecte), qui vivent à mille lieues de notre mode de vie ! Le premier jour, nous avons traversé les forêts de pins, quelques rizières en terrasses, avons passé différents points de vue sur les colonnes avoisinantes et admiré la brume matinale qui se dissipait très gentiment.

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Après les pins, nous avons traversé une forêt plus tropicale.

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Première nuit chez l’habitant sur un lit en bambou et dans une maison en bambou. Dans ce petit village reculé, les jeunes jouent au « chinlon », volley/foot avec une balle en rotin tressé, les femmes s’occupent des enfants et du souper, et les hommes plus âgés continuent de s’affairer à différents artisanats. Nous avons pu manger une très simple mais très bonne nourriture locale, et avons pu échanger via notre guide avec la famille qui nous a hébergé.

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Ici, quand deux jeunes gens se draguent, le garçon a, selon les moeurs, le droit de discuter avec la fille et de lui offrir des cadeaux. Une fois que la fille est d’accord, ils peuvent aller demander la permission au chef du village pour se marier. Dans les villages, les enfants se gèrent eux-mêmes, en d’autre thermes ils font presque tout ce qu’ils veulent (!), s’ils ne veulent pas écouter en classe, ils sont libres de partir, d’aller dormir dans le village voisin ou autre.

Notre deuxième journée commence avec un petit déjeuner de riz et galette, et protection solaire avec du thanaka ! Le « thanaka » est le cosmétique traditionnel birman pour les hommes, les femmes et les enfants. Il leur protège la peau du soleil, absorbe la transpiration et possèderait des vertus anti-rides. Cette crème jaunâtre est obtenue en râpant l’écorce de l’arbre à Thanaka. On le trouve vendu partout en petits rondins de bois ou directement en poudre à diluer.

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Nous traversons de magnifiques champs de piments, longeons de vielles rails (utilisées que 4x par jour), parcourons des collines, tout en regardant le labourage des rizières en terrasses,…

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Nous étions en période des piments et de leur séchage. Le rouge intense magnifie les champs et paysages, et les odeurs des piments nous suivent tout au long de cette journée ensoleillée.

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Nous avons emprunté le chemin que prennent de nombreux Birmans tous les jours. Une voie ferrée qui passe entre deux villages. Les trains étant peu fréquents, très lents et très bruyants, il n’y a peu de risque.

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Nous arrivons pour notre deuxième nuit dans un petit village accueilli par des enfants jouant au cerf-volant. Nous avons profité de nous doucher comme eux, c’est-à-dire caché par une bâche au milieu du village avec un bidon d’eau de pluie au sol et un petit récipient pour se verser de l’eau dessus. Après mangé, nous avons profité de regarder les étoiles, car étant loin des sources de pollution lumineuse que nous connaissons, les étoiles étaient beaucoup plus visibles.

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Départ du troisième jour de trek dans la brume avant de monter et de la surplomber.

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Nous avons continué tranquillement notre chemin bercé par une magnifique lumière matinale. Delphine a même pris une grosse araignée sur la main (les Birmans les mangent de temps à autre).

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La fin de la matinée se fit en descente avec le lac Inle en ligne de mire. Une fois arrivé devant le lac, un bateau nous attendait pour le traverser en une heure et rejoindre Nyaung Shwe, la ville du lac Inle.

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Problème de couleurs avec la vidéo (appareil en mode photo sous-marine)

Nyaung Shwe

Nous avons passé quatre jours à profiter de visiter le lac Inle depuis Nyaung Shwe, avons retrouvé Laura et Maxime (du bus de nuit) et passé de bonnes soirées ensemble ! Autour du lac Inle, nous avons été visiter une petite fabrication familiale de bijoux en argent (avec des mines pas très loin…), un temple sur l’eau, une fabrique de cigares faits à la main, et du tissage de lotus.

En Birmanie, les femmes girafes ont presque totalement disparu, et maintenant les dernières sont exposées pour être vue par les touristes. Nous en avons vu une depuis notre bateau, mais nous n’avons pas voulu cautionner cela en allant la trouver.

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Artisanats autour du lac :

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Il faut savoir que le lac Inle n’est vraiment pas profond, il atteint 5 mètres au maximum pour 22 km de long et presque 6 km de large. Une bonne partie du lac est utilisée pour cultiver la jacinthe d’eau, et ce formant d’énormes Iles flottantes.

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Le lac étant rempli de hautes algues, la pêche ne peux s’effectuer qu’avec un filet très court pour ne pas se crocher dans lesdites algues. Les pêcheurs sont donc debout au bout de leurs barques en équilibre sur une jambe (l’autre tenant la rame), à jeter ce filet dans l’eau. L’image de ces pêcheurs à fait connaitre ce lac au reste du monde. Il faut savoir que maintenant des faux pêcheurs sont à l’entrée du lac depuis Nyaung Shwe pour se faire prendre en photo contre quelques piécettes. Ils sont faciles à distinguer, ils ont un filet dur en rotin tressé, les vrais ayant leurs filets flexibles.

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Pour finir : quelques photos d’un coucher de soleil depuis le lac et un faux pécheur qui se dirige vers un touriste pour faire la pose.

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La suite : Mandalay et Bagan !

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